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Palais du Golestan à Téhéran

Iran et trésors de Perse

Je l’avoue, je me suis trompé au sujet de ce voyage en Iran. Les premiers souvenirs que j’ai de ce pays datent des années 1970, lorsque je regardais les Paris Match de ma mère dans lesquels on pouvait lire au sujet du Shah et de l’impératrice Farah en voyage de ski à Gstaad en Suisse ou dînant au Maxim’s de Paris. Le couple Pahlavi recevait aussi à Téhéran ou à Persépolis, avec le plus immense faste, les grands de ce monde, des Onassis aux Grimaldi jusqu’aux chefs d’État et aux têtes couronnées.

L’Iran était riche et prospère, et ne s’en cachait guère. Et puis, il y a eu cette révolution en 1979 qui bouleversa non seulement l’Iran, mais toute la région, et ce, jusqu’en Amérique. Toutes les réformes imaginées par le Shah, pour faire évoluer son royaume vers un style de vie plus moderne souvent associé au monde occidental, se sont violemment heurtées au mécontentement d’une grande partie de la population, révoltée entre autres par les excès du roi et de son entourage.

Avec le retour de Khomeini et l’implantation du régime islamique, le pays s’est vu revenir des siècles en arrière avec une application des règles les plus strictes quant à la pratique de la religion, au port du voile obligatoire pour les femmes et au style de vie en général. Bien sûr, on dit que les choses changent tranquillement en mieux, mais on ne peut oublier facilement ce tumultueux chapitre des dernières décennies. J’avais cette crainte bien réelle de me retrouver dans ce pays à vivre entre deux séquences de Jamais sans ma fille avec Sally Field et d’Argo de Ben Affleck.

Et c’est bien là que je me suis trompé.

La grande place Naghsh-e Jahan à Ispahan

Au moment même où on arrive dans ce pays, toutes les barrières tombent. On constate la sincère gentillesse de cette population, toujours prête à nous aider et à nous faire découvrir des trésors trop longtemps isolés du monde. Et on constate aussi que la propagande, elle est bien présente des deux cotés.

Ce qui est frappant aussi est que contrairement à certains vols d’EgyptAir, de Royal Air Maroc ou de Qatar Airways où l’on voit souvent des femmes avec le voile intégral à leur bord, le vol vers Téhéran est tout à fait différent. Les Iraniennes, particulièrement belles, élégantes et toujours maquillées, ne mettent leur carré de soie ou châle sur leur tête qu’à l’atterrissage de l’avion, juste avant de poser le pied sur le tarmac de l’aéroport. Les Persans m’apparaissent souvent plus sophistiqués et raffinés que les habitants des pays voisins de cette région du globe.

Aussi, le port du voile ou du hijab dans les pays arabes est plus ou moins un « choix ». En Iran, il est obligatoire. Et la consommation d’alcool est interdite sur tout le territoire. Évidemment, ce qui est défendu devient tout d’un coup souvent très attirant, il n’est donc plus rare de voir des femmes, spécialement les plus jeunes, devenir un peu rebelles en laissant voir de plus en plus leurs cheveux. On dit aussi que les Iraniennes sont très opiniâtres et engagées; donc l’image de l’homme en short et en T-shirt et de sa femme toute voilée de noir qui marche derrière lui en traînant les sacs d’épicerie n’est pas vraiment ce que l’on constate dans cette société.

Concernant la vente d’alcool qui est absente sur tout le territoire du pays, il paraîtrait que les partys de sous-sols des résidences privées sont les plus fous que l’on puisse imaginer. Je n’ai évidemment pas eu accès à ça. Dommage. Et maintenant, avec l’utilisation des réseaux sociaux, officiellement défendue mais facilement contournée, il est facile de voir que la jeune génération est au courant de ce qui se passe autour du globe, que ce soit par rapport à la mode, à la musique, à la politique ou à tout autre sujet.

Dans ce fascinant pays, vous trouverez certains des plus beaux trésors du patrimoine mondial : les mosquées d’Isfahan, les musées et l’ancien palais royal de Téhéran, les vestiges de Persépolis, ou les tapis persans de Chiraz, ville du célèbre cépage vinicole. Il y a un réel bonheur de découvrir un riche passé, mais aussi de vivre un présent qui semble se transformer en mieux avec la levée de l’embargo et l’élection d’un gouvernement plus modéré.

La mosquée Nasir-ol-Molk à Yazd

Grande mosquée d’Ispahan

Tombeaux des rois persans, près de Persépolis

 

Persépolis

Mosquée à Chiraz

Il y a bien sûr encore certains irritants à ce périple. Les procédures pour obtenir un visa sont quelque chose. N’ayant toujours pas d’ambassade d’Iran à Ottawa, on doit faire parvenir notre passeport à l’ambassade du Pakistan à Washington, ce qui prend quelques semaines. Si vous êtes journaliste, militaire ou si vous avez une étampe d’Israël dans votre passeport, oubliez ça. Si vous aimez vous organiser seul, oubliez ça aussi. Les voyages en Iran de la clientèle américaine et canadienne sont toujours accompagnés d’un guide.

Si vous aimez le shopping, à part les tapis persans, le safran, le caviar et les pistaches, il n’y a pas grand-chose.

Si vous aimez parfois vous reposer et prendre du soleil autour des piscines d’hôtels, rappelez-vous qu’elles sont toutes intérieures, donc à l’abri des regards. Des heures précises de baignade sont réservées aux hommes, d’autres aux femmes, même chose au gym.

Samedi après-midi sous le pont d’Ispahan

Si vous êtes épicurien et aimez les restaurants, l’Iran n’est certainement pas le paradis sur ce plan. La cuisine persane est délicieuse, mais on en fait vite le tour. Elle propose trop souvent les mêmes soupes aux lentilles et à l’orge, des kebabs de poulet et d’agneau et des ragoûts aux herbes et à la pomme grenade; une plus grande variété serait bienvenue. Les desserts et sucreries accompagnés de dattes et de noix sont par contre dignes de mention dans ce pays.

Restaurant Forhood à Chiraz

D’un autre côté, si vous êtes passionné d’archéologie et d’histoire, que vous aimez voir de spectaculaires paysages de montagnes et de déserts ponctués d’oasis, que vous voulez vivre la fierté d’une culture millénaire encore à l’abri de la mondialisation et de ses bannières, que vous voulez être témoin d’une société qui se transforme sous vos yeux et que vous aimez vous faire dire avant de partir en voyage : « Es-tu à moitié fou d’aller là ? », eh bien, c’est votre destination. Surtout, vous aurez la chance de faire connaissance avec un peuple si accueillant et chaleureux.

Petite Iranienne bien fascinée de se faire photographier avec des occidentaux. Plaisir partagé.

 

 


Que faire ?

  • À Téhéran, découvrir à la banque centrale les joyaux de la couronne impériale, extraordinaire collection appartenant jadis au shah et à l’impératrice Farah.
  • Visiter les ruines de Persépolis, vestiges datant de  plus de 2 500 ans.

 

Où manger ?

Haft Khan

Complexe de cinq restaurants à Chiraz avec un choix de cuisine persane, italienne et internationale. Décor moderne qui se démarque, une rareté en Iran.

Bastani

Restaurant traditionnel de cuisine persane situé au cœur d’Ispahan.

 

Où dormir ?

Hôtel Espinas Palace

Situé à flanc de montagne dans la section nord de Téhéran, ce récent hôtel est synonyme de confort et de luxe dans cette ville.

Hôtel Abbasi

Il paraîtrait que cet établissement est le plus vieux au monde. Aujourd’hui, c’est un palace au cœur de la ville d’Ispahan. Demander une chambre avec vue sur les jardins intérieurs.

rgermain

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